dimanche 31 mai 2009

Hymne à l’amitié et à la fraternité : intervention de Francois-Emile Truchet, grande figure nationale à nos retrouvailles à Toulon 9 mai 2009

Personne n'a su mieux que toi traduire l'héritage et le message des anciens de Mutu aux prochaines générations.
Au nom de tous les AGALMIENS, de tous les anciens de Mutu, tu as notre profonde reconnaissance. AGALM/PMF


Bien chers vous tous,

Comment aimez-vous les discours? La rime et la raison s'accordent et se conjuguent pour répondre: courts. Dont acte. Je veux dédier mon mot à tous ceux, fort nombreux ici présents, que je salue dans un même élan confratemel mais, aussi, à tous ceux disparus lesquels, en aucuns cas, ne sauraient sombrer et tomber dans l'oubli. Oubli dans le temps, oubli dans les mémoires. Oubli à jamais. Mais au fait, qu'avais-je, qu'ai-je à vous dire?

Je suis soudainement pris d'effroi. Pourquoi? Certaines idées s'en vont, presque honteusement, sur la pointe des mots, sans qu'on puisse les rattraper, au moment précis où l'on s'apprêtait à les exprimer. J'ai la faiblesse de croire que c'étaient les meilleurs et la tristesse de constater qu'on ne les retrouvera pas de sitôt. Lors - qui sait? -, c'est peut-être cela même le « marqueur» de la vieillesse, du gérontisme, ne disons pas encore de la sénilité. Et d'aucuns en souffrent et en pâlissent plus que d'autres. Quoi qu'il en soit, avec confusion donc, j'ai complètement oubliè ce dont je souhaitais vous entretenir, ici et maintenant. Hic et nunc.

Aussi, vais-je aller tout de go à l'essentiel. Qu'est-ce que l'AGALM ? C'est la traduction et l'expression d'une amitié profonde et pérenne, forgée au sein d'une communauté forte de ses valeurs intrinséques, « cimentée» ab initio, par le partage et le passage dans un même lycée, alias les « Anciens de Mutu ». Un label. Un sceau. Un référent. Allais-je dire, une signature. Une marque de reconnaissance comme un signe d'appartenance. Toutes « espèces» confondues: j'entends par là, enseignés, enseignants, sans oublier les surveillants - les « pions», comme on disait - qui en sont un maillon et font, volens nolens, partie intégrante de la « chaîne éducative ». Je n'omettrai, en aucune maniére, d'inclure et d'intégrer dans ledit « systéme », l'encadrement- surveillant général et directeur-, hors lequel aucun établissement ne saurait fonctionner. Tous, à des titres divers, ont valeur d'exemple.

L'AGALM, c'est aussi un entrelacs dru et serré de sentiments entremêlés et fortement intriqués, un creuset à l'évocation duquel, personne d'entre nous - je dis bien: personne - n'est indifférent. Un même référentiel, un même repére, une même « matrice» a vrillé nos cœurs et soudé nos âmes. Un creuset porteur de valeurs - comme je l'ai dit précédemment- et qui a pu et su insuffler, en tout un chacun, une part de sa force. De sa personnalité. De sa quiddité. Aujourd'hui encore, nous demeurons unis par une de ces amitiés pudiques et rudes tout à la fois, qui nous lient tous et nous aident- inconsciemment - à supporter les turbulences de l'existence et à éviter, peu ou prou, les ronces du chemin. Tant il est vrai que la vie n'est pas un long fleuve tranquille, m'appuyant d'abondance sur divers et différents « vécus ». A chacun son destin, son fatum. Son « mektoub ».

Mais foin de philosophie ou autre métaphysique. Aussi, vivons et goûtons pleinement l'instant présent. Carpe diem. Nous voulons entendre vos rires. Nous voulons voir vos regards briller d'une flamme qui ne soit pas vacillante mais avenante et brillante, à défaut d'être étincelante - à l'impossible nul n'est tenu, n'est-ce pas? Et puis, pour finir, nous voulons voir se dessiner sur tous vos visages, ce sourire malicieux, farceur et moqueur ô combien, taquin et coquin, qui était le vôtre lorsque, notamment, vous vous gaussiez, en jeune impertinent, de l'embrouillamini du charabia - c'était, du moins, votre perception d'alors - quant aux cours peaufinés et dispensés par vos professeurs et dont, nonobstant, je suis persuadé que vous en avez gardé, assurément, le meilleur souvenir. A l'évidence, ils ont beaucoup « compté ». C'est là une intime conviction raffemnie d'un « supplément d'âme ».

Conséquemment et mutatis mutandis, demeurez espiégles sinon turbulents en cette circonstance et en cette enceinte, restez railleurs sinon chahuteurs, usez - sans abuser - de cet esprit « bon enfant », et faites de cette rencontre un raout remarquable et inoubliable. Un point d'accumulation de souvenirs. Un amplificateur d'émotion pure et vraie, en ce sens qu'elle n'est point feinte. Un moment fort voire essentiel. Une corrélation entre un ressenti et un passé qui coexistent momentanément. Songez-y plutôt: nombre d'entre vous - en ces instants mêmes - sont saisis et « traversés» par une reviviscence de leur adolescence. Des « tranches de vie» ont défilé avec plus ou moins d'imprégnation et d'imbibition. Un écho qui les secoue au plus intime de leur quant-à-soi. Une étrange sensation. Une valse d'images bousculées s'entrechoquent avec intensité. Avec leur vérité et leur densité. « Ô temps, suspends ton vol », disait le poète.

Et si j'ai parlé d'une rencontre - faute d'un terme plus approprié -, vous aurez compris et admis que, fort souvent, certains mots ont, en soi, une portée qui nous échappe. C'est, précisément, le cas en la circonstance: la finalité de notre « rassemblement» se veut de donner conscience à tous les participants, de la force de l'amitié et du souvenir qu'ils portent en eux. Enfouis peut-être mais qui ne demandaient qu'à « s'exonder » et à ressortir, qu'à émerger et à se manifester sous l'effet d'un facteur déclencheur. D'un catalysateur. En l'espéce, notre rencontre. Lors, si vous aviez encore un doute sur la définition et, surtout, sur l'acception que je donnais à ce terme, je veux espérer que j'ai ôté en vous un doute et que vous m'aurez rejoint quant au sens à en retenir, sans lyrisme nostalgique aucun ou autre idéalisme archaïque. Donner sens à nos mots et à nos vies, c'est un impératif. Une nécessité devant avoir force de loi - je le pense vraiment et fondamentalement. CAMUS a dit: « Il s'agit de savoir si la vie devait avoir un sens pour être vécue ». Aussi et au-delà des aléas de l'existence, faisons nôtre cette pensée d'HERACLITE : « Le soleil est nouveau tous les jours" . A brûle-pourpoint, dans mon propos, parlons de « tantôt» : j'ai cru comprendre que dans le cadre des réjouissances à venir, il va vous être proposé de reprendre ensemble unanimement - en grands enfants d'une même famille - un air connu sur des paroles revues et proposées par un de nos camarades. Reprenez-le tous en chœur: les chansons résument et disent souvent la vérité des cœurs et des hommes. Complémentairement et, plus souvent qu'à son tour, chanter à l'unisson en chorale permet de renaître: comprendre de revivre ensemble quelque passé commun toujours prégnant, où l'adolescence le disputait à la connivence et à l'insouciance. Ya hassrah (Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, fredonné-je in petto).

Une rencontre, disais-je, souhaitée, pensée, élaborée et «concoctée», montée et articulée, animée de « main de maître» - si j'ose dire - par notre président Raphaet DALI et par tous ses amis ayant, de concert, travaillé d'arrache-pied au succés incontestable d'une «grand œuvre» commun et grandiose. Et ce, dans la plus stricte intimité et en toute simplicité. Avec un dévouement et un engagement qu'il nous plaît de souligner. Ils ont su indéniablement conjuguer et faire rimer humilité et efficacité. Et qualité. Tout comme désormais, Toulon avec tout bon. Un sans faute. Une copie parfaite ce qui, convenons-en, relevait plutôt de la quête du Graal quand nous étions lycéens. Oui, ils nous ont fait, en l'occurrence, un magnifique cadeau. Un superbe présent. Sur fond d'affection et d'abnégation. Ne le leur répétez pas, ça leur ferait de la peine, eu égard à la modestie fonciére qui les habite et à leur pleine et entière discrétion. Ils se veulent et sont hors-champ des lumières. Ce sont, à proprement parler, des «antihéros de l'ombre». Alors, transgressant mon propre interdit et outrepassant inconsidérément mon temps de parole - puisque, aussi bien, j'avais promis liminairement de « faire court» -, je prends sur moi et je tiens en vos lieu et place, en votre nom à tous auquel je m'associe intimement, à leur rendre un hommage solennel- publiquement et passionnément - en séance plénière, et à leur dire, sans recherche d'une quelconque surenchère, un authentique, un très sincére, un immense et collectif merci. Nous leur en avons et leur en témoignons une vive reconnaissance et une profonde gratitude.

François-Emile TRUCHET (que ses amis appellent Milou) Toulon le 9 mai 2009

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